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8.10.11





Île de Pâques

« Une oeuvre Humaine étonnante » (La libre Belgique 3-10-11)

Le magique triangle de terre dans le pacifique sud, territoire attribué à Chili, dévoile quelqu’un de ces mystères…
« L’archéologue belge Nicolas Cauwe* qui n’aime rien tant dans son métier que ‘capter la différence’ et faire connaître ses connaissances, a reconstruit l’histoire de l’Île de Pâques à la faveur de dix années de fouilles. Ses découvertes les livre aujourd’hui dans un ouvrage intitulé « le grand Tabou » aux éditions versant Sud.
L’équipe du Nicolas Cauwe revisite l’histoire de l’île déboisée ; « c’est une belle histoire » dit-il, les statues et monuments de l’île de Pâques ont été démontés, pas détruits. »
L’article et entretien concernant nouvelles qui concernent le planète, montre une point de vue absolument différent à celle des apparences…jusqu’au aujourd’hui…
Dix ans des fouilles à Rapa Nui qu’ont permis au P Nicolas Cauwe et à son équipe de revisiter l’histoire de cette île fantastique qu’on disait frappée au XVIIe siècle par une guerre interethnique, par la famine, par un effondrement culturel, provoqués par une déforestation sans précédent et la raréfaction des ressources naturelles. « Des centaines des statues d’ancêtres les « moais »- n’avaient-elles pas été abattues ?
Aujourd’hui il y a une autre version : alors que le déboisement de l’île est à son apogée au XVIIe siècle, les pascuans modifient tout leur système politico-religieux, ils abandonnent leurs divinités traditionnels pour se tourner vers le Dieu Makemake. Ils démontrent consciencieusement les plate-formes des statues (les « ahu-moai ») pour les transformer en nécropoles, ils posent les ‘moais’ au sol avec précaution, ils ferment la carrière du volcan Ranu Raraku et installent un tabou. Avec la disparition des arbres de l’île, c’est un fait tout un système de valeurs qui s’est vu remis en cause. »
« Quel est le « grand tabou » dont vous parlez ?
Je me suis rendu compte que, face aux changement climatiques, ces gens ont instauré, essentiellement à travers le XVIIe siècle, un tabou sur leurs traditions anciennes pour reconstruire une nouvelle société. Instaurer des tabous constitue un système de gestion politique efficace depuis toujours dans tous les îles de la Polynésie- le mot vienne de la bas d’ailleurs. Cela permet, par interdiction, d’organiser toute une série de conséquences, ils ont vraiment transformé tout le système politico-religieux de leur société. C’est la nouvelles histoire de l’île de paques que je propose et qui est basée sur des faits réels.
Lesquels ?
On dit toujours que les monuments et statues sont cassés, mais ils sont en fait parfaitement démontés. Les statues ont étés couchées, on a mis des tombes par-dessous ou à côté. On a enfermé les monuments sous des masses de cailloux, qui donnent l’aspect de ruines, mais le fait est qu’ils sont intact en dessous. On a fermé, clôturé tous ces monuments, lentement, sans violence. C’est ne pas une révolution, mais une transformation, une œuvre humaine étonnante. On a même trouvé des traces de cérémonie : ils mettaient de la poussière rouge avant de démonter un monument.
En évoquant la transformation de la société pascuane, vous parlez d « une belle histoire » . n’est ce pas aussi une belle leçon pour nous qui sommes affectés par les changements climatiques ?
On pourrait se dire ; le climat change et on a peut–être bien en nous la capacité de nous adapter. Mais on ne vit pas dans les mêmes conditions, on ne vit pas les mêmes changements climatiques et les relations de groupes dans une société mondialisée sont beaucoup plus subtiles. Je pense que cela peut nous encourager à dire que nous ne sommes pas sans solution, mais les solutions sont spécifiques à chaque culture et histoire…. »

Bout de fils d'une autre vision qui a beaucoup pour réveler..
(extraits d’entretien de Sabine Verhest)


*Nicolas Cauwe (né le 25 juin 1961 à Uccle, Belgique) est docteur en Philosophie et Lettres, archéologue et conservateur des collections de Préhistoire nationale et générale ainsi que des collections d’Océanie aux Musées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles. Il est également chargé de cours à l’Université catholique de Louvain et collabore également avec les universités de Paris, de Cambridge et du Chili.

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