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23.12.19

(Français-espagnol)                                 
                             
                                NAVIDAD 


                                   NOËL 

Matias Carrasco
chronique EMOL

Il y a de nombreuses années, tellement que je ne me souviens même pas, Noël a été célébré d'une autre manière. Ce sont des images que l'on a dans la tête. C'est l'histoire qui a été racontée à travers les siècles. C'est l'exploit d'un homme, d'une femme et d'un nouveau-né. Ils étaient dans une étable. Il n'y avait pas d'autre endroit pour eux dans la ville. Lui et elle étaient épuisés. Je les imagine affamés et froids. Ils venaient d'un long voyage monté sur un animal, fuyant une terre qui les regardait avec suspicion. À elle comme une adultère. À lui, comme un cocu complice. Ils ont dû y passer quelques heures avant la naissance. Elle était allongée sur une balle de paille, avec son énorme ventre et sa respiration agitée. Il l'accueillit tendrement, la protégeant des araignées et apportant de l'eau dans un vaisseau cassé. Un bœuf regarda, voyant quelque chose de simple mais de gros. Il lui prit la main et elle lui lança un regard complice et fatigué. Ils avaient peur, mais aussi le calme d'une nuit tranquille. Il a accouché sans anesthésie. Il a poussé presque sans force. Ça fait mal. Ça faisait très mal. Il l'aida comme il le pouvait, maladroitement. Il y avait du sang et une odeur intense. Il a trouvé la tête de l'enfant et l'a placée dans ses mains. Il manque peu, a-t-il dit à sa femme. Il y eut un cri aigu et interrompu. C'est un garçon! Cria-t-il. Il l'enveloppa dans un vieux tissu et le laissa dans les bras de Maria. Son nom était Maria. Elle a pleuré. Il a trouvé ses yeux et lui a dit qu'il l'aimait. Elle accomode le petit dans sa poitrine. Auch!, se plaignit-il. Ils ont ri Ils restèrent silencieux pendant longtemps. 
  Le bœuf les regardait et ils regardaient le petit garçon qui ronronnait comme s'il était un chat. Son nom sera Jésus, a-t-elle dit en le caressant. Même les visiteurs qui sont venus après une star n'ont pas réussi à rompre l'intimité du moment. Ils disent qu'ils étaient prêtres, astrologues et sages. 
  Quand ils sont entrés dans l'étable, Joseph a eu honte. Je n'ai pas à leur offrir, leur a-t-il dit. Peut-être un peu d'eau, a-t-il ajouté. Ils bougèrent leurs mains en signe d'insouciance.   Nous venons vous accompagner un petit moment, ont-ils répondu. Ils ont commenté le nouveau-né. De ses mèches raides et de sa petite bouche. Ils rirent doucement. 

 Après quelques minutes, ils se sont levés et ont annoncé leur retrait. Cette famille doit se reposer, ont-ils commenté. Ils ont laissé de l'or, de la myrrhe et de l'encens. Ils ce sont embrassé et donné bon voeux. Ils sont revenus de la même manière que la star les avait guidé. Dans l'étable, lui, elle et l'enfant sont restés. Maria s'est endormie et José (c'était son nom) est resté vigilant face aux appréhensions d'un père pour la première fois. C'est ainsi que cela a été célébré - du moins comme j'imagine - le premier Noël.

Mais les choses ont changé. Le temps recouvre la mémoire et la vie moderne fait aussi son affaire. La vérité est que Noël est célébré loin, très loin de l'intimité de cette époque. Il ne reste qu'une mangeoire armée au pied de l'arbre de Pâques. C'est juste un clin d'œil, un symbole fragile sur la longue liste des obligations de Noël. Cette nuit de paix nous a transformés en jours et nuits occupés, pleins d'activités, rapides, en fuite, de magasin en magasin, transportant des sacs d'un côté à l'autre, emballant, étiquetant, avec des cheveux en désordre et yeux tombants Personne ne veut passer la honte de Joseph pour avoir juste un verre d'eau.

C'est vrai. C'est une tradition. À propos des cadeaux, je dis. C'est aussi l'occasion de donner de l'amour et de continuer à incuber chez nos enfants une histoire magique. Celui d'un vieil homme qui parcourt le monde, dans un traîneau tiré par des rennes, dans le toit des cheminées, livrant des colis partout. Mais ce n'est pas lui qui est d’anniversaire. Ce n'est pas lui dont on se souvient à Noël. En est un autre. C'est ce petit garçon qui est né sous les yeux d'un bœuf, avec des mèches raides et une petite bouche, celui des pleurs interrompus, celui de la morsure énergique, le type juste et révolutionnaire. Il est l'homme d'une autre logique, celle des béatitudes, le paladin des pauvres, des humiliés et des persécutés. C'est lui qui dénonce l'injustice. C'est lui qui partage le pain. C'est le voisin qui aime, accueille et pardonne. C'est lui qui a risqué sa vie. C'est lui qui a tellement enflé qu'il a été tué. C'est celui que nous continuons à tuer. C'est celui qui est perdu pour l'Église et une bonne partie des croyants. C'est lui qui m'a aussi perdu.

Je pense à tout cela au Chili aujourd'hui. Un pays qui nous oblige à nous revoir et à nous remettre en question. Cela peut être un Noël différent. Ça doit être différent. Pour ceux qui croient et pour ceux qui ne croient pas. Il est peut-être temps de garder le silence et d'écouter les grillons dans l'obscurité. De se calmer. Pour éteindre les téléphones et revenir à la vie privée perdue. S'asseoir à table. Pour parler de nous, des autres et de l'être humain. Se souvenir de ceux qui souffrent à Noël et leur donner un mot affectueux. Pour nous dire des mots affectueux. Pour reprendre conscience. Valoriser ce que vous avez, sans plus. Merci de nous accueillir. Regardez-nous. Écoutez-nous. Sentez-nous. Touchez-nous C'est peut-être à ce sujet. Simplement de cela. Imaginer ensemble dans l'intimité d'une crèche, par une nuit calme.

                                                                 ***


                                  NAVIDAD



          
 Hace muchos años, tantos que ya ni me acuerdo, se celebraba la Navidad de otra manera. Son imágenes que uno tiene en la cabeza. Es la historia que se ha ido contando a través de los siglos. Es la hazaña de un hombre, una mujer y un recién nacido. Estaban en un establo. No había otro lugar para ellos en la ciudad. Él y ella estaban agotados. Los imagino con hambre y con frío. Venían de un largo viaje montados sobre un animal, huyendo de una tierra que los miraba con sospecha. A ella como a una adúltera. A él, como a un cornudo encubridor. Debieron pasar allí algunas horas antes del alumbramiento. Ella echada sobre un fardo de paja, con su panza enorme y la respiración agitada.
 Él acomodándola con ternura, protegiéndola de las arañas, y trayendo algo de agua en una vasija rota. Un buey miraba, como testigo de algo sencillo pero grande. Él le tomaba la mano y ella le devolvía una mirada cómplice y cansada. Tenían miedo, pero también la paz de una noche tranquila. Parió sin anestesia. Empujó ya casi sin fuerzas. Dolía. Dolía mucho.
 Él la asistió como pudo, torpemente. Había sangre y un olor intenso. Encontró la cabeza del pequeño y la acomodó entre sus manos. Falta poco, le dijo a su mujer. Se escuchó un llanto agudo e interrumpido. ¡Es un niño!, gritó él. Lo envolvió entre unas telas viejas y lo dejó en los brazos de María. Se llamaba María. Ella, lloró. Él encontró sus ojos y le dijo que la quería. Ella se enchufó al pequeño en su pechuga. ¡Auch!, se quejó. Rieron. Se quedaron en silencio un buen rato. 
 El buey no dejaba de mirarlos y ellos no dejaban de mirar al pequeño que ronroneaba como si fuera un gato. Se llamará Jesús, dijo ella mientras lo acariciaba. Ni los visitantes que llegaron siguiendo una estrella consiguieron romper la intimidad de ese tiempo. Dicen que eran sacerdotes, astrólogos y hombres sabios. Cuando entraron al establo, José sintió vergüenza. No tengo qué ofrecerles, les dijo. Quizás un poco de agua, agregó. Ellos movieron sus manos en señal de despreocupación. Venimos a acompañarlos un ratito, le contestaron. Comentaron del recién nacido. De sus mechas tiesas y su boca pequeña. Rieron en voz baja.

 Después de unos minutos se pusieron de pie y anunciaron su retirada. Esta familia debe descansar, comentaron. Les dejaron un poco de oro, mirra e incienso. Se dieron palmotazos y buenos deseos. Volvieron por el mismo camino que les dibujó la estrella. En el establo quedaron él, ella y el niño. María se durmió y José (ese era su nombre) permaneció vigilante con las aprensiones de un padre primerizo. Así se celebraba – al menos como imagino- la primera Navidad.

Pero las cosas han cambiado. El tiempo va cubriendo la memoria y la vida moderna también hace lo suyo. Lo cierto es que las navidades de hoy se celebran lejos, muy lejos, de la intimidad de aquella época. Lo que va quedando es un pesebre armado a los pies del árbol de pascua. Es apenas un guiño, un símbolo endeble, un check en la larga lista de obligaciones navideñas. Esa noche de paz se nos ha convertido en días y en noches ajetreadas, colmadas de actividades, a la rápida, a la carrera, de tienda en tienda, cargando bolsas de un lado a otro, envolviendo, etiquetando, con el pelo revuelto y los ojos caídos. Nadie quiere pasar la vergüenza de José de tener apenas un vaso de agua.

Es verdad. Es una tradición. Lo de los regalos, digo. Es una oportunidad también de entregar cariño y seguir incubando en nuestros hijos una historia mágica. La de un viejo que anda por el mundo, en un trineo tirado por renos, bajando por el hollín de las chimeneas, repartiendo paquetes a destajo. Pero no es él quién está de cumpleaños. No es a él a quién recordamos en Navidad. Es otro. Es ese pequeño que nació ante los ojos de un buey, con las mechas tiesas y la boca chica, el del llanto interrumpido, el de la mordida enérgica, el tipo justo y revolucionario. Es el hombre de otra lógica, el de las bienaventuranzas, el paladín de los pobres, los humillados y los perseguidos. Es el que denuncia la injusticia. Es el que comparte el pan. Es el del prójimo, el que ama, acoge y perdona. Es el que arriesgó su vida. Es el que hinchó tanto que lo mataron. Es al que seguimos matando. Es el que se le pierde a la Iglesia y a buena parte de los creyentes. Es el que a mí también se me extravía.


Pienso en todo esto en el Chile de hoy. Un país que nos exige revisarnos y cuestionarnos. Esta puede ser una Navidad distinta. Tiene que ser diferente. Para los que creen y para los que no. Quizás sea el momento de guardar silencio y escuchar los grillos en la oscuridad. De aquietarnos. De apagar los teléfonos y volver a la intimidad perdida. De sentarnos a la mesa. De conversar de nosotros, de los otros y del ser humano. De acordarnos de los que sufren en Navidad y darles una palabra cariñosa. De decirnos palabras cariñosas. De recobrar el sentido. De valorar lo que se tiene, sin más. De agradecer tenernos. Mirarnos. Escucharnos. Olernos. Tocarnos. Tal vez se trate de eso. Simplemente de eso. De imaginarnos juntos en la intimidad de un pesebre, en una noche tranquila.


                                    ***

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